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Résumé des épisodes précédents :
Le lecteur passionné par cette histoire se souvient sans
nul doute que , au cours de la finale de la P.H.A , après des événements
dramatiques , tels que le vol des chaussettes miracles de notre héros par
le pitoyable et l'infâme "Horibilus Christofarus " , retrouvées après une lutte
acharnée , et enfin , un pénalty sifflé par l'arbitre de la rencontre alors
qu'il reste trente secondes à jouer et que le Sporting est mené 3 buts à 2.
LES AVENTURES DE JEAN-MICHEL LAFLECHE
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3ème épisode |
Jean-Pierre
Pizzala était chargé de tirer les pénalties dans l'équipe du S.C.B. Il posa
délicatement le ballon sur le rond blanc , dévisagea un long moment le goal
adverse , comme s'il eut voulu deviner ses pensées. Partirait-il à droite ou à
gauche ? Le sort du match reposait sur ce coup de pied. L'arbitre siffla ,
Jean-Pierre leva le bras pour désigner au gardien que c'était lui qui allait
tirer le penalty , un avant prémice de victoire peut-être ? Le ballon partit
comme une fusée , et... un silence glacé plana sur le stade... la balle était
passée à droite de la cage...
Dans le centième de seconde qui suivit , on vit à
la fois la bouche des supporters de l'Entente de Triffouilly-sur-Huveaune
s'ouvrir pour hurler leur joie , et se refermer dans le même instant...
L'arbitre , désignant à nouveau le point de penalty sanctionnait ainsi le goal
de l'Entente qui avait avancé d'un bon
mètre avant le tir de J.P. Pizzala , tout était à refaire...
Le deuxième tir
fut le bon , la balle , telle un obus vint se loger dans l'angle supérieur
gauche des buts de l'Entente , tandis que le gardien allait cueillir un trèfle
à quatre feuilles qui poussait au ras du poteau droit. Le hurlement de joie qui
s'éleva du stade fit trembler la statue de David sur son socle au rond-point du
Prado. S.C.B : 3 - Entente : 3. Le ballon était à peine au centre du terrain
que l'arbitre , consultant son chronomètre , siffla la fin du temps réglemen-
taire. Il fallait jouer les prolongations.
Rarement le S.C.B. avait eu aussi
chaud. Lorsque les joueurs revinrent du vestiaire où ils s'étaient désaltérés ,
l'ambiance était électrique. L'égalisation de dernière minute du S.C.B. avait
assommé les joueurs de l'Entente. Alors que les joueurs du Sporting évoluaient
à Match 3 , ceux de l'Entente paraissaient chaussés de semelles de plomb , et
se traînaient à 2 à l'heure. La balle volait de pied en pied vers les buts
adverses , et à ce rythme le score ne tarda pas à évoluer. 98ème minute : 4 à 3
pour le Sporting ; 104ème minute : 5 à 3 ; enfin, 112ème minute: 6 à 3 pour les
damiers bleus et blancs.
Lorsque l'arbitre siffla la fin du match , les joueurs
du S.C.B. conscients qu'ils venaient de remporter le titre si convoité de
Champion de P.H.A. tombèrent les uns sur les autres et formèrent une pyramide
humaine d'où rayonnait une joie intense. Dans les tribunes , les spectateurs
chantaient , le Président jeta en l'air sa célèbre serviette qu'il ne quittait
jamais , si ce n'est pour faire la sieste , on vit même le rude défenseur
Michel Balley si rugueux sur l'adversaire essuyer furtivement une larme. Les
joueurs furent portés en triomphe jusqu'au vestiaire , et les bouteilles de
champagne furent débouchées. Un journaliste entra dans les vestiaires , pour
intervviever les vainqueurs , et en particulier Jean-Michel Laflèche , le
principal artisan de la victoire des joueurs à damiers. On appela donc sur l'air
des lampions : " Jean-Michel... Jean-Michel... Jean-Michel ......
Mais ô
surprise! Personne ne répondit. On chercha sur le stade si notre héros n'avait
pas été accaparé par une de ses nombreuses admiratrices , mais non... les
recherches ne donnèrent aucun résultat. Il fallut bien se rendre à l'évidence ,
Jean-Michel Laflèche , vedette du Sporting , avait disparu , ses affaires
étaient encore pendues à leur place sur le portemanteau du vestiaire...
Jean-Michel venait d'être enlevé ! ! ! Enlevé , certes , mais par qui , pour
quelle raison ? Quel ignoble individu pouvait être assez lâche pour faire
dispareitre un homme aussi gentil et affable que notre héros? Tout à coup ,
Michel Hémahuèrehel , le Secrétaire du Club , se précipita dans les vestiaires
, livide , la seule touffe de cheveux qui lui restait en bataille sur son front
, et prononça d'une voie éteinte les mots terribles : « Je viens de trouver un
mot , à propos de Jean-Michel , c'est horrible ! » et ce faisant il s'assit sur
un banc et montra à tout le monde un petit morceau de papier , arraché
probablement d'un cahier d'écolier , taché de graisse , sur lequel on pouvait
lire , d'une écriture peu assurée et d'un style primaire , trahissant le niveau
minable de son auteur , une phrase truffée de fautes d'orthographes : "
J'ait anleuvait Jean-Michel Laflèche , ne prévené pa la paulisse , sinon il
arriveurrra maleur a vautre joueur. Signé : Horibilus Cristofarus" .
La joie
qui éclairait à l'issue du match le visage de chacun se figea en une grimace ,
plus aucun bruit ne monta des vestiaires du Sporting , si ce n'est un murmure ,
prononcé par plusieurs bou- ches : « Pourquoi Jean-Michel , pourquoi ? ». En
effet , pourquoi Jean-Michel Laflèche a-t-il été enlevé ? Quels buts poursuit
Horibilus Cristofarus ? Quel sera le dénouement de cette tragique histoire ?
Pourra-t-on sauver notre héros , permettant à ce feuilleton de se poursuivre ?
C'est ce que le lecteur découvrira dans le quatrième épisode des aventures de
Jean-Michel Laflèche , ou l'ailier miracle.
Note de l'auteur : Tout lecteur trouvant l'astuce est prié d'écrire à la rédaction du journal, qui se fera un plaisir de lui offrir un magnifique filet dégarni.
Tous droits réservés. M. M.