Résumé des épisodes précédents :

  Le lecteur se souvient , sans doute , que nous avons quitté notre héros alors qu'en finale de la P.H  A le Sporting-Club de Bonneveine est mené 3 à 0 et est pratiquement privé des services de son meilleur attaquant qui , sans ses chaussettes magiques , n'est plus que l'ombre de lui-même. Le lecteur doit également se rappeler qu'à cette minute fatidique Jean-Michel Laflêche s'est rué hors du terrain , et que , du fond du stade , montent des cris abominables. Il est vivement déconseillé aux àmes sensibles et aux coeurs fragiles de lire ce deuxième épisode. ...

Un spectacle hallucinant se déroulait sur le court de tennis jouxtant le terrain de football : Jean-Michel Laflêche était aux prises avec une gigantesque ombre noire , les deux corps roulèrent à terre , tantôt Jean-Michel avait le dessus , tantôt son adversaire , par une prise vicieuse , arrivait à se dégager et essayait visiblement de s'échapper , voyant que le résultat de ce pugilat ne pouvait que tourner en sa défaveur tant notre héros était déchaîné. Longtemps la lutte fut indécise , les spectateurs avaient quitté les tribunes et , les mains crispées sur le grillage , attendaient avec angoisse que cesse ce duel. Les joueurs , de leur côté , s'étaient arrêtés de jouer , pour voir ce spectacle dantesque , et l'arbitre , tel un épouvantail planté au milieu d'un champ fraîchement semé , restait planté au milieu du terrain , tenant dans ses mains un ballon que plus un seul coup de pied ne daignait animer , et n'osant pas siffler pour rappeler les joueurs.

Aussi se contenta-t-il de regarder son chronomètre pour décompter l'arrêt de jeu. Après 5 minutes de combat , on vit tout à coup une main de Jean-Michel Laflêche se dégager de la masse noire et confuse que formait les deux corps enlacés. Cette main, telle les serres d'un aigle , tenait une paire de bas , des bas bleus , délavés , les fameux bas magiques de Jean-Michel Laflâche. L'ombre noire , sentant la partie perdue , parvint dans un ultime effort à se dégager , se redressa ; les spectateurs ne purent alors réprimer un mouvement de recul , leur sang se glaça d'effroi , car ils venaient de reconnaître le démon des fausses licences , le diable des fraudes en tout genre , l'abominable et inquiétant HORIBILUS CRISTOFARUS... Celui-ci , s'enveloppant de sa longue cape noire , d'un bond de félin sauta par-dessus le mur du stade et disparut en direction de la plage.

Horibilus Cristofarus avait été soudoyé par le dirigeant de l'équipe adverse pour voler les bas de Jean-Michel Lafléche , et il n'avait commis qu'une erreur , celle d'enfiler les bas bleus sur son collant noir , ce que n'avait pas manqué de remarquer notre héros. Jean-Michel remit ses chaussettes , tandis que la partie reprenait , puis , oubliant de faire part à l'arbitre de sa rentrée sur le terrain , ce qui lui valut un carton jaune , il n'eut plus qu'une idée en tête , se racheter de sa première mi-temps , inexistante , et essayer de faire remonter son équipe au score.

A la 70ème minute , il hérita d'un ballon empoisonné dans le rond central et malgré cela , crochetant deux adversaires , il se rua sur son aile , élimina d'un crochet , comme il en avait le secret , son arrière et adressa un centre en retrait d'une pureté parfaite à son avant-centre Christian Garcia qui n'eut plus qu'à pousser le ballon au fond des filets.

Entente de Trifouilly-sur-Huveaune 3 - S.C.B. 1. Quatre minutes plus tard , Jean-Louis Colombano le lança à 200 à l'heure sur l'aile opposée ; l'équipe adverse , figée , ne vit qu'une fusée qui s'arrêta dans les 18 mètres , prit le temps de faire passer le ballon de son pied droit sur son pied gauche en lobant le numéro 4 de l'Entente , qui sortit aussitôt du terrain pour prendre un cachet d'aspirine , amortit le ballon , et adressa un tir foudroyant qui s'écrasa sur la barre transversale , revint en jeu , fut à nouveau repris de la tête par Richard Raymond , à l'anglaise ; dans une ultime parade , le goal adverse repoussa d'une manchette la balle qui atterrit , comble de malchance pour lui , à proximité de Jean-Michel. Celui-ci , d'un ciseau retourné envoya le ballon en pleine lucarne gauche. Même une panthère n'aurait pu dévier ce ballon.

Le stade explosa en applaudissements et en encouragements. Bernard Salami , l'entraîneur des cadets , qui avait contribué dans sa jeunesse à la formation de Jean-Michel , dut se plonger la tête sous un robinet d'eau froide pour se convaincre qu'il ne rêvait pas. Lucien Taccupoivre , qui l'avait connu comme junior , allumait cigarette sur cigarette , et , rouge comme le maillot de Liverpool , ne cessait de hurler : " Vas-y mon petit , vas-y mon petit " ... Entente 3 - S.C.B. 2. Il restait 8 minutes à jouer. Le Sporting était transcendé , ses 11 joueurs survoltés se ruaient sur tous les ballons et , alors que l'arbitre commençait à consulter son chronomètre , une ultime attaque du Sporting mit Jean-Michel Laflâche en position de tir dans la surface de réparation. Le numéro 2 de l'Entente ne trouva d'autre solution que de faucher notre héros qui tomba lourdement sur le sol. L'arbitre sortit un carton jaune à l'adresse du numéro 2 et siffla le penalty indiscutable. Mais Jean-Michel Laflêche restait étendu sur le sol , grimaçant de douleur. Il restait 30 secondes à jouer...

 Jean-Michel Laflêche est-il sérieusement blessé ? Le Sporting transformera- t-il le penalty en but , et jouera-t-il ainsi les prolongations ? Plus inquiétant encore, en avons-nous fini avec les agissements de Horibilus Cristotarus ? Celui-ci ne voudra-t-il pas prendre sa revanche ? ... C'est ce que le lecteur angoissé apprendra en lisant le troisième épisode des Aventures de Jean-Michel Laflâche , ou l'ailier miracle .

Tous droits réservés. M. M.

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